Ce sont des pages rédigées par la Société Historique et Culturelle du Brienonnais et remises à jour régulièrement.
Les publications de la SHCB font souvent référence à l’Histoire de Brienon écrite par Pierre Bridier (1813- 1904), maire de Brienon ; il participera pendant 46 ans à la vie municipale.
Les armes de la ville se trouvaient au XIXè siècle sur un arceau reliant des pilastres à l’entrée de chacune des 3 portes, d’après les souvenirs laissés par Pierre Bridier à la fin du XIXè siècle, mais aucune trace n’en subsiste. Vraisemblablement elles faisaient référence à l’archevêque de Sens qui en était le seigneur depuis l’époque féodale. De l’occupation plus ancienne du lieu, nous ne sommes certains que du domaine de Saint-Loup au VIè siècle.
Le blason actuel est « moderne » selon toute vraisemblance créé en 1965. En 1966, le premier bulletin municipal, en donnait une interprétation:
la couronne figure le fief des archevêques
les 2 pommes, le pays d’Othe
le chevron est l’insigne des compagnons du Tour de France dont la maison de la « Mère » était au n°11 de la rue Marcellin Parigot
le soleil éclaire Pégase, cheval ailé lié aux sources et symbole du génie poétique.
Origines de la ville
Le débat sur l’origine du nom de Brienon reste ouvert, les écritures en sont multiples. La ville s’est longtemps appelée Brienon-l’Archevêque car elle a été administrée par l’archevêché de Sens depuis le legs de l’archevêque Loup (ou Leu, 573-623) et jusqu’à la Révolution. Le nom de la ville changea à la Révolution avec la suppression de l’archevêché : un tampon marqué de l’aigle impérial, en 1812 porte l’inscription «BRIENON». En 1815, avec la Restauration, elle retrouva le nom «Brienon-l’Archevêque» et l’a gardé jusqu’en 1882, date à laquelle le conseil municipal dirigé par M. Durand-Desormeaux opte pour le nom de «Brienon-sur-Armançon».
Il s’agissait d’un archevêché important dont le pouvoir religieux s’étendait sur les évêchés de Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, Orléans, Nevers, Troyes. (ensemble dit «CAMPONT»). Les archevêques de Sens possédaient de nombreuses résidences, à la campagne et à Paris, « l’hôtel de Sens », construit par Tristan de Salazar au XVè siècle ; le bâtiment accueille aujourd’hui la bibliothèque Forney. Jacques Girardin, trésorier et official de la collégiale de Brienon fit imprimer en 1518, à Troyes, l’oraison funèbre à cet archevêque. (inscription latine dans l’église).
Six siècles après Loup, en 1269 un autre archevêque décédait à Brienon. L’aspect de la demeure brienonnaise des évêques de Sens dite « l’ostel », au Moyen-Age, n’est pas connue. Elle est embellie « à grands frais » en 1536, par le cardinal Louis de Bourbon-Vendôme.
Evolution de la ville
La ville est donc au Moyen-Age la propriété d’un seigneur, il s’agit de l’évêque.
L’évêché de Sens tirait profit des terres cultivées et des bois sur la commune. Les moulins étaient sa propriété, comme les pressoirs et four. Une grange aux dîmes était située sur la place en face de l’église. La demeure de campagne de l’évêque est en bordure de l’enceinte au sud et à l’est (après l’édification des murs, soumise à son autorisation)
L’enceinte moyenâgeuse peut être suivie en empruntant le boulevard circulaire ; ses vestiges peuvent se deviner. Les trois portes Est, Nord, Sud ont complètement disparu au début du XIXè siècle, remplacées un temps par des pilastres. La promenade à l’Est plantée de tilleuls ; elle a été implantée sur les anciens fossés de la ville.
Une inscription latine gravée dans une pierre scellée à proximité de la porte Nord date de 1582 et témoigne des guerres de religion.
L’aspect de la ville a changé au début de la seconde moitié du XIXè . Les habitants ont longtemps vécu des commerces du bois (exploitation des forêts, flottage sur l’Armançon faisaient vivre ouvriers et propriétaires) et de l’exploitation des terres (vignes, céréales, chanvre…). Tisserands, vanniers sont nombreux au XIXè . L’artisanat qui devient petite industrie se développe autour du travail du chanvre (à toutes ses étapes), du bois et du cuir (nombreux galochiers et travail du cuir dans la tannerie).
La proximité des sources de la ville a favorisé l’installation de ces industries,depuis le chanvre qu’il faut rouir, jusqu’aux foulons et moulins à tan et à blé.
La ligne du P.L.M qui ouvre en 1849 transforme considérablement le quartier du port. Elle attire des vacanciers et développe le commerce local. Une gendarmerie ouvre en 1852 ; la rue du port se construit.
L’industrialisation de la ville prend son essor avec la construction de la sucrerie en 1873, suivie de celle de l’usine à gaz et d’ateliers de mécanique divers.
Le patrimoine construit
Les Lavoirs
Le grand lavoir date de 1762, 30 ans avant les recommandations des parlementaires révolutionnaires incitant les communes à prévoir leur construction dans un souci d’hygiène; c’est là une preuve que dès le XVIIIè la commune est gérée par des responsables civils à l’écoute des habitants et disposant certainement de moyens financiers importants.
Quelques travaux y ont été régulièrement effectués: les 2 pilastres de l’escalier et les pierres à laver datent de 1844. Deux cheminées ont existé à partir de cette date ; elles apparaissent sur les cartes postales du début du XXè siècle. La charpente avait déjà été restaurée; elle a été totalement refaite au début du XXIè siècle, les travaux se sont achevés en 2007.
Ce lavoir se trouvait hors la ville mais adossé au mur d’enceinte, dans des jardins, à proximité de la porte de l’Est démolie vers 1834, à proximité de la rue de la Poterne (ou « route du Simplon », aujourd’hui rue Marcellin Parigot) et à l’entrée du faubourg de la Poterne, très peu construit jusqu’à la fin du XIXè siècle. Un plan de 1847 le baptise «Grand lavoir de la Poterne» ; Pierre Bridier en 1880 l’appelle «Grand lavoir» certainement pour le différencier des nombreux autres lavoirs de la commune, publics ou privés.
Aujourd’hui il reste 3 lavoirs publics construits sur 3 ruisseaux: du Sainfoin pour le Grand lavoir, sur le ru de Brignault pour celui du Port (construit en 1842). Le troisième bâti en 1782 est situé sur la place Emile Drominy se trouve à la réunion des eaux issues de la fontaine Maudier et de la source de la halle. La couverture de ce lavoir a été entreprise en 2007.
Les marchés
Une galerie couverte municipale remplace en 1845, la vieille halle privée ; favorisant les marchés, elle permet aussi l’accès des véhicules à la place du Carré. 40 ans plus tard, ce bâtiment sera remplacé par un marché couvert . Un siècle plus tard ses portes-grilles seront remplacées ; l’ensemble prendra un aspect nouveau avec de grandes baies vitrées. En 2015 la place Emile Drominy en cours de rénovation, s’ouvre sur la belle esplanade du marché transformé.
En 1994, la place du marché prenait le nom de Place du 13 mai 1944 en commémoration des arrestations d’otages brienonnais emprisonnés un mois à la prison d’Auxerre par l’occupant.
La Halle aux grains puis la salle des fêtes
La construction d’une halle aux grains en 1882 a entraîné le déplacement du monument aux morts de 1870, inauguré en 1878. En 1924, une salle des fêtes était décidée à sa place ; l’aspect extérieur du bâtiment ne changera pas beaucoup. En 1985 la salle a été rénovée (chauffage, parquet, scène, …). Trente ans plus tard une grande rénovation est entreprise.
La collégiale
Il faut se reporter aux plans d’autres églises primitives pour imaginer ce que pouvait être la première église construite à son emplacement à l’époque de Saint-Loup, au début du VIIè siècle; elle était dédiée à Saint-Martin. Les constructions chrétiennes à partir du IVè étaient dérivées de la basilique latine,avec une nef sans transept et une abside.
Six siècles plus tard, l’incendie de 1375 détruisit les archives du chapitre; il était peut être parmi les plus anciens (XIIè siècle ?).
Après les deux incendies du XIVè siècle, l’église ne sera reconstruite qu’à partir du XVIè ; elle sera consacrée le 5 juin 1712.
Le vaste édifice a des proportions harmonieuses: 65 m de long, 20 m de large à la hauteur de la nef et 30 m à la hauteur des chapelles, 16 m de haut sous la voûte de la nef, un peu plus au chœur. Plusieurs styles se côtoient, gothique (croisées d’ogives), renaissance et classique.
L’entrée présente une façade dans le style de l’architecture du Siècle des Lumières, avec un fronton triangulaire marqué des armes de Saint-Loup et d’une inscription révolutionnaire : photo 13
« Le peuple français reconnoit l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme » datant du décret de Robespierre de mai 1794.
Cette entrée abrite un premier porche couvert d’une coupole. Un second porche surmonté d’un campanile hexagonal se situe sous un haut clocher de plan carré ; porche et tour sont datés de 1716. Le clocher contient 4 cloches et 2 petites pour l’horloge. Un élégant petit campanile, contenant une petite cloche surmonte le grand toit du chœur.
Les 3 chapelles sud aux toits couverts de tuiles plates, sont perpendiculaires à l’axe du chœur; avec l’élégante tour d’escalier, elles donnent à l’ensemble une belle allure.
Le chœur a subi des remaniements : la première pile est restée telle qu’elle fut élevée au XVIème siècle. Les magnifiques atlantes dateraient de la fin du XVIè ou début du XVIIème; les chapiteaux ioniques pourraient avoir été refaits au XVIIIème; une colonne porte la date de 1802.
Il faut noter 6 grandes verrières remarquables en grisaille et jaune d’argent. La chapelle axiale dédiée à la Vierge date de 1547 ; elle est de plan polygonal ; sa voûte est d’ogives, ses vitraux du XVIè. Le mobilier est intéressant, bancs clos, bancs d’œuvre, stalles. Photo 14 , photo 15
L’orgue de 1774 est attribué à Joseph Rabiny. L’instrument après avoir été transformé en 1933 a été restauré en 2007 par le compagnon-facteur d’orgues troyen, Laurent Plet.
Une plaque commémorant les prêtres réfractaires morts sur «les pontons de Rochefort » : les frères Jean-Baptiste et Sébastien Hunot et leur cousin François Hunot. Un jeune chanoine Jean-Baptiste Bouvret avait été exécuté en septembre 1794.photo 16 photo 17 L’abbé Fourrey a laissé un travail de recherches les concernant, à consulter aux archives de la bibliothèque.
La collégiale Saint-Loup a été classée « monument historique » en 1907.
A partir de 2006, la collégiale a bénéficié de grands travaux de restauration.
Le château
Le château a été toujours un bâtiment privé, sauf un an, en 1791. Il fut d’abord la résidence brienonnaise de l’archevêque, dite en très mauvais état en 1426. C’est le cardinal Louis de Bourbon Vendôme qui la fit reconstruire en 1536.
Le projet d’y faire une caserne est abandonné en 1792, il est alors acquis par la famille Ferrand; puis d’importants embellissements lui sont apportés par Vulfran Verrollot, marchand de bois et maire qui le possédera jusqu’en 1868.
C’est la famille Normand, en 1869 qui lui a donné son aspect actuel.
La mairie, le théâtre
Sur la place Emile Blondeau (du nom d’un résistant mort en déportation en 1944), la mairie de style classique, aurait été achetée par quarante habitants pour servir de «maison commune» ; un acte notarié de 1812 donne acte de cette donation. L’acte le désigne comme destiné à accueillir «la justice de paix, une salle du conseil et permettre les réunions des citoyens». Le bâtiment existait avant cette date, sur un plan-projet de 1808 et sur le premier cadastre. Il comportait une tour sur la façade sud ; il a été logement de chanoines.
Aujourd’hui la salle des mariages se trouve au premier étage et au second, un théâtre. Les proportions harmonieuses de l’ensemble, son fronton, ses lignes et sa rénovation achevée début 2009, en font un bâtiment qui illumine la place.
Au cours de ces 2 siècles il a connu de nombreuses transformations. De grands travaux étaient décidés en août 1829, pour son achèvement; sa toiture qui venait d’être endommagée par un violent orage était refaite en ardoise ; il était décidé de faire dans le «grand grenier», «une nouvelle salle», un théâtre. (sources : archives municipales). Les trois niveaux seront encore l’objet de rénovations importantes en 1848. Au fil des années la distribution des différentes salles a varié et depuis une trentaine d’années, les services municipaux se sont installés de l’autre côté de la rue, seule la salle des mariages et des conseils municipaux demeure dans le bâtiment « maison commune ».
La construction du théâtre ne s’est achevée qu’en 1835. Le peintre Poinsot y a travaillé ; malheureusement aucune archive n’a, à ce jour, permis de savoir qui avait passé commande de ces dessins symboliques, certainement uniques.
Ils ont été tracés à la fois sur les plâtres des murs (feuillages, treillis), sur la voûte du plafond, sur la toile tendue sur le balcon, en blanc, bleu, gris et or.
Des affiches des représentations théâtrales nous sont parvenues ; la plus ancienne date de 1848, la dernière du début du XXème ; plusieurs décennies d’oubli ont suivi. Au printemps 2009, la restauration du théâtre achevée, les représentations peuvent lui redonner vie !